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Renaud Grizard

Exposition permanente

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Renaud Grizard artiste peintre

Renaud Grizard ou la vie parallèle

Artiste-peintre professionnel depuis 1995, Renaud Grizard (né en 1961) a toujours su que la peinture était sa vocation première ; que c'était dans cet art des couleurs et des signes qu'il pourrait donner le meilleur de lui-même. Pourtant, c'est vers l'architecture que ses études l'ont tout d'abord orienté. Études menées à terme et couronnées de succès puisque, dans la foulée, il fondera sa propre agence. Certes l'architecture est un métier créatif. Elle ne cesse de remodeler l'espace urbain sans que, d'ailleurs, nous y prêtions toujours une attention suffisante. Elle peut exprimer une vision personnelle et la concrétiser dans des formes fluides et poétiques – voyez Oscar Niemeyer ou Christian de Portzamparc. Mais elle n'en demeure pas moins un art appliqué, soumis aux contraintes du réel, avec une exigence de fonctionnalité inscrite dans son cahier des charges.

Rien de tel avec la peinture et le dessin qui offrent à l'artiste une liberté souveraine. Cela n'exclue pas une réflexion sur l'agencement des plans et des formes dans le tableau – ceux de Renaud Grizard le prouvent largement. Mais cela libère le peintre de la pression du réel et de la notion d'erreur. Là, devant sa feuille ou sa toile, il peut laisser sa main vagabonder au gré de son imagination. Une couleur en appelle une autre, détermine une hauteur et une base ou une ligne d'horizon. Des formes, ou plutôt leurs signes, apparaissent et c'est bientôt une scène ou un paysage qui se matérialisent sans aucun référent dans le monde visible, fragments d'une vie intérieure par nature illimitée. L'art est cosa mentale : depuis longtemps Renaud Grizard a fait sienne la célèbre formule de Léonard de Vinci. Patiemment, lentement, à son rythme, il réinvente la réalité en lui apportant la touche de poésie qui lui manque si souvent. Signalons au passage qu'il rédige de petits textes versifiés pour accompagner ses grandes huiles. Car il sait que les mots et les images s’influencent mutuellement, induisant parfois de nouvelles pistes interprétatives.

Comme ceux de Paul Klee, ses personnages n'ont souvent de l'apparence humaine que leur verticalité, tellement ils sont épurés de toute singularité anthropométrique. Répartis aux quatre coins du tableau (toujours en aplat), ils ressemblent aux images d'un rébus qui ne dirait pas son nom. Car l'important, pour lui, est ailleurs : dans la captation synoptique du sens par exemple, ou même dans celle des éléments naturels, comme lorsqu'il s'attache à montrer l'effet du vent sur un châle. Récemment son travail l’a amené à mettre en valeur la silhouette dans ses toiles. Sans d’ailleurs cesser de questionner la notion de portrait qu’il pratique depuis ses débuts en peinture.

Tout autres sont ses figures animales, massives et horizontales, proches d'un imaginaire rupestre en deux ou trois dimensions – Car Renaud Grizard est aussi sculpteur. Sans négliger le tracé, même réduit à une expression schématique, son travail met particulièrement l'accent sur la couleur et ses jeux de contrastes. Sa palette, qui exalte les tons chauds - comme les rouges et les jaunes -, dégage ainsi une sensation de joie et de sérénité. A n'en pas douter, cette peinture fait du bien.

Un autre legs de ses années d'architecture est sans doute dans le regard qu'il porte sur les choses familières, les chaises en particulier. Elles rappellent qu'il a aussi créé du mobilier par le passé. Cette série a donné lieu, voici quelques années, à une exposition monographique à la galerie marseillaise Anna Tschopp (Variations sur une chaise). Ainsi s'ébauche une réflexion, moins sur leur fonction au sein de nos maisons que sur leurs lignes structurelles. Sous ses pinceaux la chaise se personnalise, devient une entité singulière à part entière. D'autres objets, comme les verres et les bouteilles, ont aussi inspiré des compositions remarquées par le passé.

 

Après de très nombreuses expositions qui ont fait voyager ses toiles un peu partout en Europe, Renaud Grizard a choisi de travailler avec la galerie marseillaise Charivari (17 rue Fontange, 13006). Une nouvelle exposition y prévue en mai prochain. Une bonne nouvelle pour tous ceux qui aspirent, tout comme lui, à vivre « la vie à côté », selon les mots du poète Charles Cros.

Jacques LUCCHESI (critique d'art)

Renaud Grizard peinture illustrative
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